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Douala étouffe sous les ordures : Hysacam et la Mairie face au désespoir grandissant des populations


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Deux mois après la remise solennelle d’une dizaine de camions neufs à Hysacam, la capitale économique du Cameroun patauge plus que jamais dans les immondices. Une situation qui interroge, indigne et appelle urgemment à une concertation profonde pour sauver l’image de Douala, jadis “la belle”.


Un enthousiasme d’octobre vite balayé par la réalité


Le 03 octobre 2025, la scène avait des allures d’espoir retrouvé. Une dizaine de camions neufs, présentés au maire de la ville de Douala par Hysacam, étaient annoncés comme la preuve d’un virage décisif dans la lutte contre l’insalubrité. Dr Roger MBASSA NDINE, sourire aux lèvres, n’avait pas hésité à prendre le volant d’un des engins pour symboliser ce « saut qualitatif ».


« La ville a été inondée de tas d’ordures… Je peux exprimer ma joie pour la réaction rapide de notre partenaire stratégique Hysacam », déclarait alors le maire, convaincu d’un «nouveau départ».


Mais deux mois plus tard, la désillusion est totale. Le constat est même plus alarmant qu’avant la remise des camions.


Douala transformée en décharge à ciel ouvert


Du nord au sud, de l’est à l’ouest, aucun quartier n’échappe au spectacle désolant des montagnes d’ordures :


À Ndobo, face à la station Total, les déchets rétrécissent la chaussée. Les véhicules sont obligés de rouler sur les ordures pour passer.


Au Château d’Eau de Bonabéri, deux dépotoirs se livrent une compétition morbide.


À la Cité des Palmiers, les tas d’immondices font désormais face à la pharmacie du même nom.


À PK14 Logbessu, les trottoirs servent de dépotoirs improvisés.


À PK8, les montagnes d’ordures gagnent en hauteur chaque semaine.


À Haute Tension, c’est un véritable “petit Mont Cameroun” qui bloque la visibilité.


À Makèpè, Nyalla, Bédi, Bonamoussadi, Makea, Bonapriso… la saleté dicte sa loi.

Même constat dans les secteurs comme, le marché Saker Deido, le marché de Bonamouang et ses environs...


Douala étouffe. Douala suffoque. Et les habitants avec elle.


Des promesses… et un “sursaut dans le vide”

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Le Directeur général d’Hysacam, Dr Jean Pierre Ymele, avait pourtant promis une riposte stratégique :

renforcement de la capacité des centres de transfert


déploiement de nouveaux véhicules au cœur des quartiers


plan d’assainissement pour préparer les fêtes de fin d’année


Deux mois après, aucun de ces engagements ne semble visible sur le terrain.


Pour François Sintat, l’explication est simple :

« C’étaient des mots de campagne. Les responsables d’Hysacam ont accompagné monsieur le maire pour soutenir leur champion Paul Biya… On vit la pire période d’insalubrité ! Les camions utilisés sont inadaptés : les déchets s’envolent, tombent sur les passants. C’est de l’amateurisme. »


Un autre habitant, Michel Louis Benga, renchérit :

« Hysacam refuse d’admettre qu’elle ne peut plus faire seule. Douala de 2025 n’est plus Douala de 1969. Pourquoi maintenir un monopole inefficace ? C’est toujours le même théâtre. »

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Des conséquences sanitaires alarmantes


Dans certains quartiers, la situation frôle la catastrophe sanitaire.


À Bédi, Angèle Edou Ekomane témoigne :

« Les souris nous envahissent. Elles mangent tout : huile, armoire, plastique. Les moustiques, les mouches, l’odeur… on respire le pourri du matin au soir. »


Les risques d’épidémies augmentent : paludisme, choléra, infections respiratoires, insécurité alimentaire due à la contamination des marchés.


De la satisfaction… à la profonde désillusion


Le 3 octobre, Dr Mbassa Ndinè affirmait :

« C’est un sentiment d’espoir et d’espérance pour une ville de Douala qui va redevenir propre. Douala, la belle. »


Mais aujourd’hui, les habitants parlent plutôt de : « Douala, la sale », selon les mots de Jean Jaurès Ebonguè Njoh, profondément déçu du virage pris par la crise des déchets.

Face à l’échec, une seule voie : la concertation pour reconstruire “Douala la Belle”

Au-delà des accusations, l’heure est à la réflexion collective. Les populations ne croient plus aux discours politiques ni aux annonces improvisées. Il faut agir, et vite.


Propositions pour une sortie de crise et une concertation efficace :


1. Organiser d’urgence un Forum Douala Propre


Impliquant :


la Communauté urbaine de Douala


Hysacam


les mairies d’arrondissement


les associations de quartier


les opérateurs privés de gestion des déchets


les experts en environnement


les leaders communautaires


Objectif : définir une stratégie claire, chiffrée et suivie.


2. Mettre fin au monopole d’Hysacam


L’ouverture à d’autres opérateurs (publics ou privés) dans certains secteurs permettrait :


une meilleure répartition des charges


une concurrence positive


un suivi plus rigoureux des performances


3. Créer des micro-centres de compostage locaux


Pour réduire la quantité transportée vers les grandes décharges et valoriser les biodéchets.


4. Moderniser le système de collecte


Conteneurs fermés


Horaires fixes


Géolocalisation des camions


Application citoyenne de signalement des dépotoirs sauvages


5. Associer les populations


L’assainissement ne peut réussir sans :


sensibilisation permanente


sanctions contre les dépôts anarchiques


création de brigades communautaires de propreté


6. Responsabiliser et évaluer Hysacam


Avec des contrats de performance, des objectifs par quartier, des comptes rendus publics.


Conclusion : Douala mérite mieux


La capitale économique du Cameroun ne peut continuer à avancer avec l’image d’une ville ensevelie sous les ordures.

Les fêtes de fin d’année approchent, les risques sanitaires s’amplifient, l’indignation grandit.


Il est urgent que Hysacam, la mairie et tous les partenaires se réunissent, se disent la vérité, et agissent ensemble.

Pour que renaisse enfin Douala la Belle.




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