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La plume de EKUM'A MBELLA BWELLE rend hommage à Anicet EKANE.

  • Photo du rédacteur: Vichal Dikobo
    Vichal Dikobo
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  • 4 min de lecture
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HOMMAGE A UN COMBATTANT JAMAIS VAINCU : ANICET EKANE POUVAIT-IL MOURIR AUTREMENT ?

Il m’a fallu beaucoup de temps pour avoir la force nécessaire afin de rédiger une oraison funèbre pour Anicet Ekanè. La force ? pas seulement ! Je dirai même aussi du courage.

Il y a en effet des personnes pour lesquelles on pense à tout, sauf au fait qu’elles peuvent aussi mourir. Leurs œuvres sont tellement imposantes, leurs parcours tellement captivants ; leurs auras tellement puissantes qu’on est parfois amené à les penser immortelles !

Ekanè Anicet Georges, pour moi, faisait partie de ces personnes-là ! Comment donc pouvoir penser un seul instant à rédiger quelques mots en guise de témoignage post-mortem pour un immortel ?

Apocalypse 14: 13 dit : «(…) Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent.» Une exégèse simplifiée de cet extrait de texte nous amène à comprendre que ceux qui meurent dans la foi de la justice et de l’amour sont bénis, car ils se reposent de leurs peines, et leurs œuvres les suivent. Quelles que soient les barrières, les hostilités, les tentatives d’étouffement, leurs œuvres les suivent.


Un Homme, une passion

L’homme que je rencontre au début des années 90 est un passionné de justice ; un amoureux sans égal de la patrie Kamerun, un « fou » de la foi en l’Afrique. Henriette Ekwè, Pierre Abanda Kpama, Mouen Gaspard, Martin Ebelle Tobbo, Alexis Ndema Samè, Njoh Nseke, Ekambi Dibonguè, etc., embarquent une bonne partie de jeunes (dont moi) dans cette aventure du don de soi pour un Kamerun un et indivisible, démocratique et prospère dans une Afrique aux frontières coloniales dépassées.

Dans ce groupe d’ainés passionnés, un m’avait particulièrement marqué : Anicet Ekanè. Il avait ce flair et ce courage que seuls les tacticiens politiques sans calculs d’intérêts personnels savent avoir et mettre en valeur au profit de la patrie.

Le Parti (UPC) avait-il décidé de ne pas s’exposer ? Ekanè proclame haut et fort au tribunal qu’il est Upéciste et que s’il ne l’avait pas été, il se serait déjà donné la mort…

Une rumeur court-elle que Ekanè est recherché par les FMO pour être tiré à vue ? Il se lève le lendemain et va se présenter devant le Général de Brigade, Chef du Commandement opérationnel…

Une rafle a-t-elle pris plusieurs Upécistes de clandestinité et un vent de crainte traverse le Parti ? Ekanè, armé d’une bombe de peinture, écris sur la Nationale N°3 (qu’on venait d’ouvrir) : « L’UPC vaincra ! »…

L’Union pour le changement est-elle en panne de financement ? Ekanè pense et conçoit le fameux ‘’Carton Rouge à Paul Biya’’ (qui fut attribué à quelqu’un d’autre par ceux qui étaient loin du cercle clos de l’époque)…

Cette passion pour la cause, la bonne cause du Kamerun et de l’Afrique, a amené certains jeunes à militer pour l’abandon du sigle UPC, et, la création du MANIDEM (dont je fus l’un des principaux membres fondateurs), afin de vivre en toute plénitude notre philosophie Upéciste, loin des querelles de chapelles. Encore une fois, c’est Ekanè qui, parmi nos aînés, donne son nom pour la légalisation du MANIDEM, le nouveau cadre d’expression de l’idéologie upéciste que nous entendions mettre en place.

Alors, Ekanè pouvait-il mourir autrement ?

« Heureux ceux qui meurent… car leurs œuvres les suivent ».

Donner la mort à une personne, quelle qu’en soit la raison est, et demeurera toujours un crime. Certains hommes qui se croient immortels parce que détenant une parcelle du pouvoir du peuple (pouvoir par eux malheureusement utilisé contre le peuple) ont encore commis un crime. Peut-être celui de trop !!!

Mais à bien y penser, ils n’ont été que le bras utilisé par le Créateur Suprême afin que toute la reconnaissance qui lui est due soit rendue à Anicet Ekanè.

*Anicet Ekanè était malade. Il fut même annoncé mort alors qu’il ne l’était pas. Mais les conditions dans lesquelles cela est finalement arrivé honorent toute la vie combattante qu’il aura menée pour le bien du Kamerun et le bonheur des Kamerunais.

Il ne meurt pas dans l’anonymat (comme ce sera le cas pour beaucoup de ses bourreaux). Il meurt en MARTYR et rentre dans l’histoire comme un HEROS ! Anicet Ekanè est mort dans la grandeur. Comme un Grand qu’il a été !

Honte à ceux par qui cela est arrivé ! Il a fallu Judas pour que Jésus soit crucifié. Nous savons tous ce qui est arrivé à ce dernier… De même savons-nous quelle fin fut réservée au bourreau des UM, Moumié, Ossende, Ouandié…

PPO (Porte Parole Officiel), ainsi je t’ai toujours appelé. Je me rappelle le jour où, au cours de l’un de mes passages à Douala, je suis allé te voir pour te proposer l’écriture de la postface de mon livre «Cameroun : de l’UPC au MANIDEM – Chroniques d’une rupture» (paru aux Editions L’Harmattan en mai 2012). Une semaine seulement après que tu aies lu le tapuscrit, tu m’as envoyé en mail un texte qui a rehaussé davantage le contenu déjà proposé. Et cette postface restera à jamais une boussole pour la jeunesse africaine.

Lorsque je suis revenu à Douala il y a quelques années, bien que ne militant plus dans un parti politique, nous sommes restés très attachés l’un à l’autre, grand frère et petit frère. Ensemble, nous avons mené des réflexions et des actions communes pour l’attractivité de la ville de Douala.

Tu es parti comme tu le méritais bien : en grand ! en Héros national. Le lieu ainsi que les conditions de ta mort ayant fait la Une dans plusieurs pays du globe terrestre. Nous pleurons certes, car loin des yeux. Mais tu es entré dans la grande maison des Um, Moumié, Ossendé, Ouandié, etc. Les générations futures diront qu’en 2025, il y a aussi eu Anicet Ekanè !

R I P PPO ! Tu es entré au Panthéon des Immortels !!!

Ton jeune frère, Ekum’a Mbella Bwelle




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