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Vœux de nouvel an: SM Jean Yves EBOUMBOU DOUALA MANGA BELL

L'intégralité du message de souhaits des vœux pour l'année 2023 du chef supérieur du canton BELL.



Douala, le 12 Janvier 2023


PALAIS ROYAL


Fils et filles du Canton, Fils et filles du Cameroun,
Marquons tout d'abord un temps de compassion pour nos chers disparus au cours de l'année écoulée, notamment, Sa Majesté MADIBA SONGUE, Chef Supérieur du canton Bakoko Wouri.
L'année 2022 nous a ainsi rappelé et fait vivre la souffrance de nos ancêtres pendant la période coloniale.
2022 a été marquée par les cris, pleurs, exactions et violations de toutes sortes portées à notre peuple à cause de la prédation de nos terres ancestrales.
Nous sommes hantés par les images de nos frères et sœurs des villages ESSENGUE, YOUPWE et plus particulièrement DIKOLO qui ont vu tout leur patrimoine foncier et immobilier détruits sous de fallacieux prétextes de développement économique.
Nous avons conscience de l'indifférence avec laquelle nos frères et sœurs ont été traités de façon indigne, sans accompagnement et sans juste compensation en violation totale de nos textes de lois.
Nous avons enfin à l'esprit les conditions de vie de nos frères et sœurs qui se sont retrouvés sans abris avec leurs enfants déscolarisés sans le moindre appui.
Si nous avons pu apprécier quelques efforts venant de certains de nos gouvernants et le début d'ouverture à un dialogue inclusif, nous sommes au regret de constater que les choses n'ont pas changé. Notre voix n'a pas porté. Nos revendications n'ont pas été entendues.
La raison est simple: notre terroir, implanté dans le pool économique du pays, est devenu lieu de spéculation, à notre détriment. Et à ce jour aucune solution n'a été apportée.
Mes frères et sœurs, une telle situation n'est pas sans conséquence pour notre culture, la culture Sawa qui disparait aux yeux du monde sans que personne ne s'en préoccupe.
L'héritage du peuple Sawa, de notre peuple se meurt de jours en jours.
Nos interpellations ont été considérées comme des discours politiquement incorrects par ceux-là qui profitent de ce massacre culturel, lequel passe par la prédation foncière.
Comment exister comme peuple si nous n'avons plus de terres ? On nous a enlevé l'accès à l'eau ! Ce qui nous a amputé de certains rituels et coutumes! Maintenant on nous arrache notre espace de vie collective.
De plus 2022 a vu le coup porté à notre union. Certains ont réussi à miner notre solidarité et à la distraire pour l'empêcher de parler d'une seule voix. Nous sommes devenus un peuple éparpillé, sans attache, sans ancrage.
Au vu des vagues successives d'indignation ayant déferlé aussi bien dans les chaumières que sur l'espace public et médiatique, en passant par les réseaux sociaux, ne serait-on pas tenté de se dire, en toute rationalité et au-delà des émotions que cette profonde douleur aura permis de questionner le sentiment d'appartenance à notre terroir, chez l'ensemble des filles et fils originaires de Campo jusqu'à Mamfé, mieux chez l'ensemble des fils et filles du Cameroun tout court.
Les évènements de Dikolo constituent désormais une interpellation adressée à toutes les strates de la Communauté Sawa afin de renforcer son unité.
Vous l'aurez donc compris, l'année 2022 s'est achevée avec un certain apaisement.
Parce que ce qui nous lie, ce que nous avons en commun est plus fort et a pour socle nos traditions ancestrales, nos figures historiques et ancestrales, ceux-là mêmes qui ont contribué à construire le Cameroun entier et dont la reconnaissance dépasse nos frontières.
2023 arrive donc avec un goût amer des souffrances endurées par notre peuple et l'espoir des attentes d'une année meilleure.
2023 arrive aussi avec des lueurs d'espoirs car si notre peuple a été déchiré, cela lui a aussi permis de se parler et de communier autour d'un même idéal, Notre KOD'A MBOA, notre attachement viscéral pour notre terroir, pour notre Patrie, le Cameroun.
Nous devons nous organiser, nous structurer, travailler ensemble et parler d'une même voix.
C'est la seule voie de sortie de crise ! Que chacun l'entende ! Un peuple est faible lorsqu'il est divisé ! Et j'invite les uns et les autres à ne céder ni à la rumeur, ni aux bruits des sirènes qui tronquent la vérité. En tout état de cause, si certains de nos dirigeants sont la cause de nos pleurs et malheurs, quelques-uns nous ont tendu la main.
Tout n'est pas perdu pour 2023 !
J'en appelle donc à tous nos frères et sœurs et en premier lieu à nos forces vives, et évidemment nos élites politiques, administratives, religieuses et traditionnelles de travailler à nous consolider.
2023 doit être l'année de la reconquête de nos terres, de la défense de nos traditions et valeurs, en un mot de notre culture.
C'est sur cette invitation que je formule à l'endroit de tous, mes vœux de bonheur et de prospérité pour l'année 2023. Je suis convaincu que l'inclusion sociale et la répartition des fruits de la croissance à tous, dont a parlé le Chef de l'Etat dans son allocution de fin d'année, sont le chemin de la réussite. La fabrication du vivre ensemble et la prise en compte de ses diversités ethniques et culturelles sont le gage d'une Nation camerounaise prospère en son sein et rayonnante à l'international.
C'est à cela que nous aspirons tous !
MBUEE! MBUEE MBUEE!
BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2023.



VICHAL DIKOBO S


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