LE CANTON BONKENG-PENJA ÉCRIT SON HISTOIRE : UNE CARAVANE DU NGONDO SOUS LE SIGNE DE LA RENAISSANCE.

Vichal Dikobo
18 nov.
9 min de lecture

Penja, 15 novembre 2025.

Une date qui restera gravée dans la mémoire collective du Canton BONKENG-PENJA. Ce jour-là, sous un ciel clair et l’énergie vibrante de tout un peuple rassemblé, la caravane du NGONDO a marqué un tournant historique, culturel et identitaire. Pour la première fois, le canton a couronné une Miss, symbole de grâce, de jeunesse et d’avenir. Elle s’appelle Krys Audrey MULEMA MOUKOKO, et son nom s’inscrit désormais dans les annales du peuple Bonkeng-Penja.

Une journée en deux temps, riche en symboles

1. Le Canton se raconte : chants, contes et danses traditionnelles

La matinée s’est ouverte sur un hommage vibrant aux racines.

Le peuple Bonkeng-Penja, fier de ses valeurs et de sa longue histoire, a porté haut son héritage à travers :

chants rituels retraçant l’épopée des ancêtres,

contes traditionnels où la sagesse des aïeux dialogue avec les défis du présent,

danses folkloriques exécutées avec une grâce maîtrisée, rappelant que la culture est un souffle vivant.

Sans oublier les différentes récompenses spéciales au comité d'organisation.

Cette première partie a confirmé la volonté du canton d’affirmer son identité, de la transmettre et de l’enrichir.

2. Le NGONDO en majesté : sports traditionnels et élection royale

L’après-midi, consacrée au NGONDO, a attiré une foule nombreuse, vibrante et émerveillée. Le site des festivités est devenu une arène où se sont exprimées force, courage et excellence.

Lutte traditionnelle – catégorie poids légers :

Le jeune BONA HANS s’est imposé avec bravoure, suscitant l’admiration de tous.

Lutte traditionnelle – catégorie poids lourds :

Le puissant LOBE Samuel a remporté la victoire après un combat disputé, devenant un héros du jour.

Couronnement de la Reine de beauté du Canton BONKENG-PENJA :

La radieuse Krys Audrey MULEMA MOUKOKO a été élue première Miss de l’histoire du Canton, symbole d’élégance et d’espoir pour la jeunesse.

Cette deuxième édition du NGONDO dans le Canton BONKENG-PENJA s’achève sur un éclat de fierté partagée.

La fierté d’un chef, la joie d’un peuple

À l’issue des festivités, le Chef Supérieur du Canton BONKENG-PENJA,

Sa Majesté Dr DISSAKE NGOM DIEUDONNÉ, n’a pas caché son émotion :

> « Pour cette deuxième édition du NGONDO dans mon canton, je suis content, et ma population aussi, pour la réussite de cet événement majeur. »

Ses mots résonnent comme une bénédiction, mais aussi comme une promesse : celle d’un peuple qui avance, uni, fier et tourné vers l’avenir.

BONUS : histoire du peuple BONKENG-PENJA

Le Canton BONKENG-PENJA appartient à la grande famille sawa, héritière des traditions de l’eau, du bois sacré et des rites ancestraux.

Les Bonkeng, établis principalement autour de Penja et ses environs, sont connus pour :

leur maîtrise de l’agriculture, notamment la culture du poivre de Penja, devenu un produit d’excellence mondiale ;

leur sens aigu de l’organisation communautaire et de la solidarité ;

leur attachement profond aux rites traditionnels, qui font du canton un espace où la mémoire et l’identité sont préservées avec soin.

À travers le NGONDO, manifestation phare des peuples sawa, les Bonkeng-Penja affirment leur place dans la mosaïque culturelle du Cameroun et renouvellent leur engagement à transmettre leur héritage.

Les peuples Bafun, Bankon et Bonkeng partagent la fertile vallée du Moungo au sein du Canton Bonkeng-Penja. Leur coexistence n'est pas le fruit du hasard, mais celui de migrations et de circulations séculaires. Le Dibombé et le Koupé, deux repères majeurs du paysage, sont devenus des symboles partagés, ancrant une mémoire commune faite de cohabitation, d'alliances, et de récits oraux transmis de génération en génération.

Les Bonkeng y ont développé une culture centrée sur la navigation, la pêche et les cultures de plaine. Les Bafun ont apporté leurs traditions agricoles et leur sens de l'organisation lignagère. Quant aux Bankon, ils se sont distingués par leurs Chefferies structurées et leur rôle d'intermédiaires commerciaux. Cette histoire partagée est le fondement de leur destin collectif.

La richesse de la diversité et le rôle de l'élite.

Les apports respectifs des peuples Bafun, Bankon et Bonkeng se sont révélés complémentaires. Les Bonkeng, avec leur savoir-faire fluvial, ont ouvert des voies d'échanges, assurant la circulation des biens et des personnes. Les Bafun, grâce à leurs pratiques agricoles diversifiées, ont enrichi les plaines, tandis que les Bankon ont consolidé une culture de coopération et de solidarité. Loin de diviser, ces différences ont favorisé un métissage progressif, visible dans les mariages entre familles, les échanges de terres et les célébrations communes.

Ce brassage, vivant au quotidien, a forgé une identité plurielle où chaque peuple trouve sa place tout en contribuant au bien commun. La diversité n'est pas perçue comme un obstacle, mais comme une richesse qui nourrit la solidarité et renforce le sentiment d'appartenance.

La forte élite du Canton Bonkeng-Penja, avec à sa tête le Chef Supérieur de 1er degré SM Dr Dissake Ngom Dieudonné, joue un rôle crucial. Elle a su saisir la valeur unique de cette diversité pour attirer des opportunités de développement. Dans cette perspective, la célébration du Ngondo dans le Canton n'est pas juste un signe d'appartenance, mais un rappel nécessaire de la place du Canton en tant que territoire Sawa et partie du patrimoine mondial de l'UNESCO qu'est le Ngondo. Elle souligne son unicité et le besoin pour l'institution de soutenir de plus en plus les initiatives culturelles et traditionnelles du Canton.

Construire l'avenir ensemble. Aujourd'hui, face aux défis modernes, l'avenir des peuples Bafun. Bankon et Bonkeng dépend de leur capacité à faire vivre cette unite. Leurs atouts sont nombreux une mémoire valoriser dans les écoles une commune à complémentarité économique à exploiter à travers des coopératives agricoles et artisanales, et un patrimoine culturel à mettre en valeur via des festivals et des rites partagés. Un projet collectif majeur, qui anit les générations, est la protection de leur environnement préserver le Dibombé, conserver les pentes du Kouge et reboiser les plaines du Moungo. Le grand atout de ces peuples est leur aptitude transformer leur diversité en une force collective a generations futures une identité commune ancrée dans inscrire leur mémoire dans l'avenir et à offrir aux la rivière et la montagne, mais ouverte sur le monde.

Le Canton Bonkeng-Penja, avec ses dix-sept villages et ses trois ethnies, est un modèle de cohabitation et de dynamisme communautaire. Un équilibre fragile dont le maintien repose sur les épaules de Sa Majesté le Docteur Dissake Ngom Dieudonné, Chef Supérieur de premier degré du Canton, qui, à la suite de ses pairs, travaille sans relâche à fédérer les énergies et les volontés. Avec humilité et détermination, il s'emploie à concilier les besoins et les aspirations de populations diverses, assurant ainsi la continuité entre les générations.

Le Canton Bonkeng-Penja est témoin de la naissance d'un projet majeur: la construction en cours de sa Case communautaire. Cette initiative, portée avec détermination par Son Excellence l'Ambassadeur Ndocki Victor, vise à combler un vide patrimonial et à créer un lieu de rassemblement fédérateur. Avec la bénédiction de Sa Majesté Dr. Dissake Ngom Dieudonné, Chef Supérieur de 1er Degré, qui a généreusement cédé l'espace nécessaire, ce projet symbolise l'engagement personnel d'un des fils du terroir pour l'avenir de la communauté. Cette case est bien plus qu'une simple infrastructure. Elle est pensée comme un centre névralgique pour la préservation du riche patrimoine culturel du Canton et comme un moteur de développement social. L'édifice a été personnellement conçu et dessiné par Son Excellence, qui en assure aujourd'hui la réalisation avec l'accompagnement des frères et sœurs, ainsi que des amis du Canton, séduits par le projet. Lors de la pose de la première pierre, Sa Majesté Dr. Dissake Ngom Dieudonné a vivement appelé les fils et filles du Canton à s'approprier ce projet. Il a rappelé que sa réussite dépendait de l'implication de chaque enfant du Canton.

LE POIVRE DE PENJA: UNE APPELLATION D'ORIGINE CONTRÔLÉE

Reconnu à l'international, le poivre de Penja a obtenu en 2013 la première Indication Géographique Protégée (IGP) d'Afrique subsaharienne, garantissant son origine et sa qualité. Cette certification fait de chaque grain un ambassadeur du Canton Bonkeng Penja, symbole de savoir-faire ancestral et de fierté locale. Décliné en blanc, noir, vert ou rouge, il sublime viandes, poissons et sauces raffinées, offrant une expérience gustative riche et équilibrée.

Le poivre de Penja est utilisé par des Chefs étoilés et renommés à travers le monde, en Europe, en Amérique et en Asie, qui apprécient sa puissance aromatique unique et sa capacité à sublimer les plats sans les dominer. Grâce à cette reconnaissance, le Canton Bonkeng Penja rayonne sur la scène gastronomique internationale, renforçant son image de région productrice d'excellence.

Selon les légendes Bonkeng, les totems ne sont pas de simples symboles, mais des guides qui ont façonné l'histoire du peuple. Si la faune et la flore d'aujourd'hui Bien que le Canton d'aujourd'hui soit différent de celui d'autrefois en raison des changements climatiques et de la déforestation, il est important de se rappeler que le peuple existe depuis des siècles.

L'éléphant, le guide des migrations

À la base de la cosmogonie Bonkeng, le totem le plus important est l'éléphant. La légende raconte que lors des migrations du peuple, pour se déplacer des berges des fleuves vers les emplacements actuels, les Bonkeng étaient guidés par la marche des éléphants. Le peuple se levait et les suivait dans leurs déplacements, s'arrêtant pour se reposer lorsque les animaux eux-mêmes s'arrêtaient. L'éléphant occupe une place cruciale dans la culture Bonkeng parce qu'il suivait toujours des pistes fertiles et des zones d'accès à l'eau. Partout où il allait, on savait qu'il y avait de la terre riche pour l'agriculture et un accès à l'eau. Aujourd'hui encore, les villages Bonkeng sont implantés sur des terres particulièrement fertiles.

La panthère noire et le gorille, guides en forêt

Ceux qui se sont aventurés plus loin dans la forêt ont ensuite suivi les traces de deux autres animaux considérés comme mythiques: la panthère noire et le gorille. L'instinct de ces animaux a guidé la sagesse des anciens pour trouver des zones favorables à l'établissement de leurs villages, en quête de terres fertiles et d'environnements propices à leur développement.

Ces animaux - l'éléphant, la panthère noire et le gorille forment donc, avec d'autres animaux totémiques, les animaux de légendes Bonkeng. Ils représentent les guides et les protecteurs qui ont permis au peuple de se déplacer et de s'établir sur les terres où il prospère encore aujourd'hui.

La rivière Dibombé est un affluent du Wouri en passant par Djanga. Elle prend sa source sur un flanc du mont Manengouba à partir d'où elle se croise avec d'autres cours d'eau et rivières pour devenir la Dibombe à Manjo. Elle grossit d'avantage au niveau de Mabombe qui est un point de confluence de plusieurs branches de cours d'eau. Pour le peuple Bonkeng, le Dibombé est bien plus qu'un simple cours d'eau: c'est un témoin de leur histoire, un axe structurant de leur migration et un repère à la fois identitaire et Itinéraire.

La migration des Bonkeng et la remontée de la rivière

L'histoire des Bonkeng est intimement liée à la remontée de la rivière Dibombé. Venus des zones côtières de l'estuaire du Wouri, ils ont suivi le cours du Dibombé vers l'intérieur des terres. Cette migration a façonné leur identité collective, la rivière servant de voie de communication, d'échange, de subsistance et de repère dans leur mémoire. La Dibombé est ainsi devenu un chemin historique qui a marqué le rythme de leur installation progressive.

Les implantations Bonkeng: Une répartition stratégique

Les Bonkeng se sont établis de part et d'autre du Dibombé, à cheval entre le Nkam et le Moungo. Du côté du Yabassi dans le Nkam, on trouve les villages de Banya 1, Banya 2 et Mala Mayindo. Du côté du Moungo, leur présence s'affirme à travers les villages Bonaolo, Bonandam, Bonaoh, Bonambome, Bonandam 2, Bonalebe et Boneko. Cette répartition montre la double vocation de la rivière: celle de séparer et d'unir. Les villages situés sur ses rives agissent comme des balises de mémoire qui rappellent la trajectoire du peuple Bonkeng.

La confluence: Un lieu symbolique à Nono

La confluence entre le Dibombé et le Wouri revêt une dimension particulière. C'est à Nono, en aval de Yabassi, que le Wouri reçoit les eaux de son affluent Ce lieu de convergence représente le point de contact entre la grande cité de Douala, cœur du monde Sawa, et les villages Bonkeng en amont. Cette confluence est un lieu de passage et d'échanges commerciaux, mais aussi un espace de mémoire collective où se rencontrent deux univers culturels et historiques.

Une rivière, une pensée stratégique Aujourd'hui, le Dibombé ne doit plus être seulement un symbole du passé, il se doit d'être l'axe d'un projet stratégique crucial pour le Canton, La réactivation des voies fluviales entre le Moungo et le Wouri via le Dibombé représente une opportunité majeure. Sur le plan culturel et traditionnel, elle permettrait de renouer les liens entre les communautés dispersées, de faciliter les échanges et de revitaliser les traditions fluviales (pêche, navigation, rites). Elle renforcerait le sentiment d'appartenance à une histoire commune et relancerait le tourisme culturel. Sur le plan économique et environnemental, la réouverture des voies navigables offre une alternative écologique au transport routier. Elle réduirait la pression sur les routes, stimulerait le commerce local et valoriserait les produits de la pêche et de l'agriculture, tout en redynamisant les villages aujourd'hui enclaves du fait de l'absence de routes. De plus, un projet d'aménagement fluvial inclurait des mesures de protection des écosystèmes, des mangroves et de la biodiversité locale.

Les 17 Villages du Canton Bonkeng - Penja