Journée internationale des peuples autochtones : la CDHC réagit.
- Vichal Dikobo
- 10 août
- 4 min de lecture

Le monde a célébré ce 9 août 2025, la journée internationale des peuples autochtones sous le Thème << Peuples autochtones et intelligence artificielle :défendre les Droits, façonner l’avenir>>.
A cet effet la CDHC a fait une sortie.
DÉCLARATION DE LA COMMISSION DES DROITS DE L’HOMME DU CAMEROUN À L’OCCASION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES POPULATIONS AUTOCHTONES*
La Commission accueille favorablement le thème de la Journée internationale des populations autochtones (JIPA) de l’année 2025, à savoir Peuples autochtones et intelligence artificielle : défendre les Droits, façonner l’avenir, un thème particulièrement pertinent dans un contexte marqué par l’émergence de l’intelligence artificielle et l’accélération de la transition numérique, autant que par leur impact sur les Droits, les territoires, la culture et l’autodétermination interne des peuples autochtones.
La Commission est consciente qu’au Cameroun, l’acception restrictive du statut d’autochtone promue par certains qui le circonscrivent arbitrairement aux seuls groupes tels que les Mbororo, les Bagyéli ou Bakola, les Baka et les Bedzang ou en limitent la portée aux manifestations folkloriques, quels qu’en soient les habillages sémantiques ou idéologiques, repose sur une lecture fondamentalement erronée, réductrice et mystificatrice qui entre en contradiction flagrante avec la Constitution, laquelle, à l’alinéa 2 de son article 57, réserve expressément la présidence des Conseils régionaux aux autochtones de chacune des dix Régions du Cameroun sur le fondement du principe de la représentativité territoriale.
La Commission salue les efforts des pouvoirs publics et de leurs partenaires visant à renforcer la promotion et la protection des Droits des populations autochtones, notamment à travers :- la mesure présidentielle, relayée le 22 juillet 2025 par le ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République au ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (MINMIDT), prescrivant que l’exploitation du minerai d’or du site de Kambélé, Département de la Kadey, Région de l’Est, initialement concédée à la Société Jamb’s avenir Sarl, soit exclusivement réservée aux artisans autochtones dudit site.
La Commission salue la remise, le 25 janvier 2025, d’un don de matériels informatiques (et de santé) par l’Association pour la protection des populations autochtones et villageoises (APIPAV) aux chefferies traditionnelles dans les Arrondissements de Kribi 1er et 2e, afin que ces populations suivent des formations dans le domaine numérique pour l’amélioration de leurs conditions de vie.

La Commission rappelle les actions qu’elle a menées et celles auxquelles elle a participé en vue d’améliorer la réalisation des Droits des populations autochtones, principalement la célébration de la JIPA le 10 août 2024 à l’esplanade de l’Hôtel de ville de Buéa, dans la Région du Sud-Ouest, sous le thème L’accès à la citoyenneté : un droit fondamental pour les populations locales ; plus de 700 personnes venues de plusieurs localités dont une dizaine d’autorités administratives et une cinquantaine de chefs traditionnels des Régions du Sud-Ouest et du Littoral ont pris part à la sensibilisation sur les Droits des populations autochtones du Département du Fako, principalement à travers des messages de paix transmis par les autorités traditionnelles et publiques ainsi que la distribution de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones traduite en bakweri.
La Commission salue les actions des organisations de la société civile (OSC) avec lesquelles elle collabore, actions qui visent à améliorer les conditions de vie ainsi que les conditions d’accès des populations autochtones à un monde hyper-connecté, principalement l’organisation, du 26 au 30 août 2024 à Douala d’un Atelier de formation intensive à l’intention de 50 représentants de ses organisations membres par le Réseau des populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique centrale (REPALEAC), en collaboration avec l’organisation Forest Stewardship Council (FSC), afin de renforcer les capacités organisationnelles et opérationnelles de ce Réseau ainsi que leur visibilité dans l’espace numérique.
La Commission demeure vivement préoccupée par la faible participation des populations autochtones à l’élaboration des politiques nationales relatives à l’intelligence artificielle, aux processus numériques et décisionnels, ce qui risque d’accroître leur marginalisation.
La Commission regrette la rareté et le caractère épars des actions spécifiquement conçues pour assurer l’inclusion numérique des peuples autochtones – malgré leur importance stratégique – ce qui creuse davantage la fracture numérique, favorisant l’exclusion d’un grand nombre de membres des communautés autochtones des services essentiels (éducation, santé, identité juridique, alimentation et sécurité alimentaire, protection de leurs terres et territoires, accès à l’eau potable et à l’assainissement, au logement décent, aux services juridiques et à la justice, à l’information et à la communication, puis à la participation à la vie publique), renforçant par la même occasion leur marginalisation et les inégalités existantes.
La Commission réitère ses recommandations formulées lors de sa précédente déclaration à l’occasion de la Journée internationale des populations autochtones (JIPA) en 2024, y compris celle invitant les organisations de la société civile (OSC) à soutenir et à former les leaders autochtones sur l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA), les enjeux et les perspectives possibles, afin qu’ils puissent accompagner efficacement leurs communautés dans un avenir numérique responsable.
La Commission considère qu’il est essentiel que les politiques publiques nationales en matière d’infrastructures numériques intègrent de manière transversale les Droits et les spécificités des peuples autochtones et recommande à cet égard au ministère des Affaires sociales (MINAS) d’établir et d’appliquer un cadre de protection des savoirs et du patrimoine culturel autant que des données personnelles et sensibles des peuples autochtones incluant des règles claires de consentement préalable, libre, éclairé et donné par les représentants légitimes pour la collecte et le traitement d’informations, leur stockage sécurisé, leur partage et leur utilisation dans les systèmes IA.

La Commission recommande au ministère des Postes et Télécommunications (MINPOSTEL) de mettre en place des centres numériques communautaires (« Community ICT Hubs ») équipés d’une connexion Internet stable, d’outils informatiques, de solutions à énergie solaire et de ressources didactiques en langues locales, puis de garantir l’auto-détermination des communautés autochtones sur leurs données, à travers des systèmes de gouvernance des données décentralisés, sécurisés et éthiques, conformes aux principes internationaux.
VICHAL DIKOBO S
699233518/670376078



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