CIMENCAM dans la tourmente: Jean Jacques Ekindi et Wilfried Kingué Dibongue dénoncent une entreprise aux dérives multiples
- Vichal Dikobo
- 7 juil.
- 4 min de lecture

Rien ne va plus à la Cimenterie du Cameroun (CIMENCAM). En l’espace d’un mois, deux figures aux profils différents mais aux constats similaires ont fait irruption dans l’espace médiatique camerounais pour dénoncer des pratiques qu’ils jugent toxiques, injustes et mafieuses au sein de cette société industrielle. Il s’agit de l’honorable Jean Jacques Ekindi, acteur politique de premier plan et voix respectée de la scène nationale, et de Wilfried Kingué Dibongue, ancien cadre de l’entreprise devenu lanceur d’alerte.
Entre pollution environnementale, détournements massifs, licenciements abusifs, opacité financière et absence de responsabilité sociale, les accusations sont graves, précises et documentées. Elles viennent raviver le débat sur la manière dont certaines multinationales opèrent au Cameroun, souvent à l’abri du regard citoyen et sous la bienveillance présumée de certains cercles d’influence.
Jean Jacques Ekindi : "CIMENCAM détruit plus qu’elle ne construit"
Lors de sa conférence de presse organisée le jeudi 3 juillet 2025 à Douala, l’honorable Jean Jacques Ekindi n’a pas mâché ses mots. D’un ton grave mais ferme, il a dressé un réquisitoire implacable contre CIMENCAM, qu’il accuse de s’enrichir sur le dos des populations locales tout en bafouant les principes élémentaires de justice sociale et environnementale.
Selon lui, les sites d’exploitation de CIMENCAM à Bonabéri et Figuil sont devenus des zones de non-droit où règnent pollution, nuisances sonores, maladies respiratoires et insalubrité générale. Il accuse également la société d'utiliser abusivement la matière première du pays.
« Une multinationale qui réalise plusieurs dizaines de milliards de chiffre d’affaires annuel ne peut pas continuer à traiter nos communautés comme de simples obstacles. Il est temps que l’État impose des règles claires et qu’on y mette fin », a-t-il déclaré, appelant à une enquête parlementaire et une action conjointe des autorités fiscales, environnementales et judiciaires.
Au cour de cette conférence de presse, l'honorable Jean Jacques EKINDI a énuméré au total, 5 scandales causés par la société CIMENCAM qui brasse ai total 6200 milliards par an largement supérieur au PIB du Cameroun.
Pour l'honorable, CIMENCAM broye du marbre pur, le mélange au clincker afin de fabriquer du ciment.
Wilfried Kingué Dibongue : "On m’a écarté pour faite lourde. Dibongue, ancien chef de service logistique à CIMENCAM, qui est monté au créneau. Face à la presse réunie à Douala le 10 juin 2025, il a livré un témoignage-choc, dans lequel il affirme avoir été licencié abusivement après un audit approuvant une perte de 200 millions de FCFA. Pourtant l'enquête menée par l'équipe Suisse semblait se diriger vers des personnes bien précises, le directeur général Xavier Legrand a décidé de faire un nettoyage dans le système ciblant ainsi quelques personnes triées au volet ceci après la conclusion du rapport de l'audit qui est resté secret.
Justice à tête chercheuse: un directeur protégé, des employés sacrifiés ?
Deux directions sont impliquées dans les faits reprochés. Pourtant, seul le directeur vente et marketing est remercié, tandis que le directeur des achats, pourtant concerné, est non seulement épargné, mais retenu comme membre du conseil de discipline chargé d'en juger. Cette incongruité soulève des questions graves sur l'objectivité du processus disciplinaire.
Les zones d'ombre du détournement
<< Le directeur général Xavier Legrand affirme que plus de 200 millions de FCFA sont introuvables, mais sans jamais expliquer comment, ni démontrer la responsabilité directe des accusés. Comment une somme aussi importante aurait-elle pu être subtilisée sans que la direction financière, le contrôle de gestion et la direction générale soient au courant ?>> Déclare Wilfried KINGUE DIBONGUE.
Plus troublant encore, aucune plainte n'aurait été déposée contre les clients, fournisseurs et prestataires véreux, pourtant co-auteurs évidents de cette fraude. Ces acteurs externes, qui ont bénéficié de transactions douteuses, échappent totalement à l'enquête.
Selon lui, des cadres supérieurs de l’entreprise seraient impliqués dans des opérations fictives, des surfacturations de prestations logistiques et des complicités internes avec certains fournisseurs. Ayant refusé de cautionner ces manœuvres, il aurait été brutalement écarté, sans procédure régulière.
« Je n’ai rien à cacher. Je suis prêt à répondre devant toute juridiction et à fournir les preuves en ma possession. Mais je demande aussi la protection de l’État, car dans ce genre de dossiers, les représailles sont nombreuses », a-t-il confié, visiblement ému.
Il indique avoir saisi le Tribunal du Travail, la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) et sollicité l’accompagnement d’organisations de défense des droits des travailleurs.
Deux voix, une même alerte : L’heure de rendre des comptes ?
Les prises de parole croisées de Jean Jacques Ekindi et Wilfried Kingué Dibongue pointent une même direction : un dysfonctionnement profond et systémique au sein de CIMENCAM, dans un contexte où l’entreprise, censée être un modèle d’investissement industriel, apparaît désormais comme un symbole d'impunité et de mépris envers les populations et les lois camerounaises.
Face à cette levée de boucliers, le silence de CIMENCAM interroge, tout comme l’absence de réactions officielles des ministères compétents. Pendant ce temps, les critiques fusent sur les réseaux sociaux, et de nombreux observateurs appellent à une mobilisation citoyenne et institutionnelle pour exiger des réponses claires.
Pour aller plus loin…
Les interventions intégrales de Jean Jacques Ekindi et Wilfried Kingué Dibongue sont disponibles sur la plateforme BEKWALI, en vidéo et en transcription.
Ne manquez pas ces témoignages exclusifs qui pourraient bien marquer un tournant dans les rapports entre les grandes entreprises industrielles et les citoyens au Cameroun.
VICHAL DIKOBO S
699233518/670376078



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