Au Cameroun, la colère des habitants du quartier Dikolo ne retombe pas. Ils sont plusieurs centaines à avoir été violemment déguerpis la semaine dernière de leur habitation après avoir vu leur quartier littéralement rasé. Un opérateur privé, qui affirme avoir obtenu des autorités une « déclaration d'utilité publique » pour valoriser ce terrain, veut y construire un hôtel. Les déguerpis, autochtones pour la plupart, crient à l'injustice.
Avec notre correspondant à Douala, Polycarpe Essomba
À Dikolo, hier après-midi, une pelle excavatrice s’emploie à nettoyer ce qu’il reste de la soixantaine d’habitations qui, il y a quelques jours encore, se dressaient ici. Quelques habitants récupèrent eux aussi ce qu’ils peuvent sur ce site de près 5 000 m2 coincé entre le quartier administratif de Bonanjo et celui plutôt résidentiel de Bali.
Charles Lotine, l’un des membres d’un collectif constitué à la défense des intérêts des personnes ainsi déguerpies nous faire part de sa colère : « Nous sommes ici en face d’une forfaiture, nous sommes ici en face de la roublardise de certains fonctionnaires avec leurs amis qui sont des spoliateurs fonciers. Et c’est une injustice qui est inacceptable. Vous ne pouvez pas décider de venir casser chez des gens dont certaines personnes ont déjà 70 ans. Elles vont aller où ? »
Des plaintes auxquelles se dit sensible Suzanne Kala Lobé, native de Bali, mais qu’elle oppose à l’impératif du développement et de modernisation de la ville de Douala, capitale économique du Cameroun : « J’aime le progrès que la ville amène et je sais que ce progrès ne peut pas se faire sans casse. La ville appartient non pas à ceux qui possède la terre, ce n’est plus ça, mais à ceux qui sont capables d’acheter la terre. »
Si rien ne semble ne plus pouvoir empêcher la construction annoncée comme imminente d’un hôtel en ce lieu, les déguerpis préviennent eux aussi qu’ils sont déterminés à revendiquer leurs droits y compris devant les juridictions internationales.
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