"La sacralité de certaines danses et mouvements folkloriques s’entend sur la patrimonialité et la dénomination même de celles-ci. C’est le cas notamment des BISSIMA, cette danse mystique et initiatique qui constitue l’identité culturelle du peuples Bakoko."
« BISSIMA », pluriel du mot « ESSIMA », est la dénomination de la divinité des Bakoko. Un élément totémique très différent du « MAMI WATA » commun à tous les Sawa, une sirène généralement représentant par corps d’humain et une queue de poisson. L’Essima est représenté en un être humain très poilu avec des pieds retournés de l’intérieur du corps.
Cette divinité vit dans la forêt et va se nourrir des fruits de la mer. Ce qui fait des Bakoko, un peuple de la forêt et l’eau de la composante sociolinguistique NSO (Bakoko) du grand groupe Bantu venu de la grande plaine du Congo avec les BÉNÉ (Bassa), les NTI, les BONO, les SANAGA, les BOMBEDI et autres. L’on retrouve aujourd’hui les Bakoko éparpillés dans tout le triangle national, parmi lesquels les Bakoko du Moungo localisés dans le l’arrondissement de Dibombari, région du Littoral.
Pendant l’époque des migrations tribales, les totems permettaient au peuple Bakoko de surmonter plusieurs obstacles tels que : la protection contre l’invasion des autres peuples ; la longue marche où ils pouvaient disparaître et apparaître à des milliers de kilomètres ; la traversée des profonds cours d’eau, pour ne citer que ceux-là. Alors comme toute divinité, L’« ESSIMA » est ancré en chaque fils et fille Bakoko Moungo et c’est tous réunis, qui forment les « BISSIMA ».
L’histoire transmise oralement renseigne que c’est un descendant de « NGWÈ », ancêtre des Yangwè, une famille du village Yamikok dans le canton Bakoko Moungo qui avait fait la connaissance d’un fils Ndonga du surnom de ATARA qui veut dire frère en langue Bassa dans un campement de pêche. De cette rencontre nait une amitié qui deviendra très instance. Et après leur séjour harmonieux passé à la pêcherie, les deux amis rentrèrent ensemble à la terre du canton Bakoko Moungo. C’est ainsi qu’un soir, ils voulurent célébrer cette fructueuse rencontre au travers de quelques pas de danse. Et c’est en effet, sous le son des Tam-tams que furent esquissés les premiers pas de la danse BISSIMA.
Cette danse initiatique et mystique qui deviendra désormais l’identité avec accent grave des Bakoko Moungo subit des améliorations au fil du temps avec la mise en son d’un gros, un moyen et un petit Tam-tam. Respectivement, le petit Tam-tam joue le rôle du charleston, le moyen, celui de rythmeur aigu de la cadence et le gros quant à lui joue celui d’un rythmer également mais contre Bass. Et la symphonie produite par ceux-ci, n’est perceptible, audible et compréhensible que par les initiés à cette danse. Néanmoins, tous les autres fils et filles peuvent danser à la cadence et au rythme des BISSIMA.
Le moment de danse commence par une communication avec les ancêtres du monde invisible. Le but étant de les mettre en symbiose avec les vivants. Ceci se fait par l’entremise du gros Tam-tam. Une fois la communication terminée, le petit tam-tam engage sa résonnance, puis, est aussitôt rejoint par le moyen et les deux produisent l’essentiel du son.
La musique du gros Tam-tam quant à elle, vient arrondir séquentiellement la tonalité. Le groupe est constitué de : trois percussionnistes, une Nga’ssima (la femme ESSIMA dont le rôle est matrimoniale, d’un Midongo chargé de la composition du Pindi l’huile des danseurs, des danseurs oint en noir, habillés de sortes de jupes en paille aux hanches, des clochettes aux jambes parmi lesquels l’on retrouve le idom’asima (le mari ESSIMA) et enfin un Esang a’sima (le père *ESSIMA), le président.
Répondant alors à l’appel des sonorités émises, les danseurs au départ isolés, font leur sortie au vus du grand public.
Après un instant d’inspection des lieux pour la protection, s’en suivent deux arrêts de Tam-tams, avec une mise en conditions de ceux-ci. Et en ce moment la performance est engagée. La danse « *BISSIMA » est donc un ensemble de mouvements des pieds, des hanches et des épaules synchronisés par la musique.
Ce qui la rend mystique, est nettement cette huile des danseurs qui, d’un noir d’ébène est composée de deux dimensions. Une dimension d’huile pour les cérémonies de tradition simple (les deuils, les dotes et les fêtes d’état) et une pour les cérémonies de tradition profonde (les deuils de patriarches, des notables, des chefs et la fête cantonale).
Les éléments qui entrent dans sa composition conformément à la cérémonie, ne sont connus que par les initiés à la danse. Et ne doivent en aucun cas être dévoilés. Cette huile a plusieurs vertus. Par ailleurs l’alternance des températures fait que les danseurs ont froid à la brillance du soleil et chaud lorsque la fraicheur bat le plein. Celle-ci est également thérapeutique et protectrice.
Au-delà de l’aspect folklorique, la danse BISSIMA chez les Bakoko a une autre dimension, celle de la transe. Nous en reparlerons dans nos prochaines éditions. C’est donc une fierté pour tout Bakoko de danser le BISSIMA. Et il n’est pas vain de rappeler à la sortie de ce post que, c’est de cette danse que leurs Majestés Chefs des villages du canton Bakoko Moungo se sont inspirés pour baptiser le Festival *ESSIMA, cette fête mystique, initiatique, socioculturelle et sportive du canton Bakoko Moungo qui se tient généralement en Avril de chaque année.
MBAP'A NTON'A NYAMSI NDIEH MBAPPE
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